“Dans la dèche” avec George Orwell

Une autre trouvaille de l’été, ce livre mérite lui aussi sa propre critique à lui tout seul. J’avais espéré que ce bouquin me ferait relativiser mes propres problèmes, mais il a fait bien plus que ça. C’est un livre qui secoue les préjugés sur la mendicité et la pauvreté.

George Orwell, auteur de la ferme des animaux (que je n’ai pas lu), et de 1984 (que j’ai adoré) a eu une période de vache maigre pendant sa jeunesse, à Paris puis à Londres. Très maigre, la vache.

Dans la dèche, George l’est vraiment, à ne pas savoir si il pourra encore se permettre de dormir dans une pension miteuse demain (pleine de punaises serait plus juste), ou même si il pourra manger.

Le livre permet de découvrir l’envers des décors de Paris et de Londres au début du 20ieme siècle dans les années 1920), côté pauvreté du rideau. George Orwell apporte aussi un point de vue intéressant sur les conditions de travail de l’époque, ainsi que sur la façon dont les pauvres, les vagabonds, les mendiants sont perçues et traités, surtout dans la partie anglaise de l’histoire, où ils errent d’asile en asile sans trop d’autres occupations, et comment leur misère est entretenue quelque part par un système qui rechigne à leur donner vraiment de l’aide.

Malgré les malheurs de George,  ce livre reste étrangement divertissant. En effet George va de déboire en déboire  avec philosophie et humour. Il vit au jour le jour. George n’est pas seul dans sa galère, il rencontre des compagnons de déroutes, certains débrouillards, et certains cassés par la vie. D’autres arrivent à rester eux même dans la misère. Le plus marquant est son ami Boris, à Paris, aussi mal en point que lui mais plein d’optimisme et qui trouve toujours des combines pour dénicher un peu d’argent. La solidarité entre fauchés est touchante et rassurante sur la nature humaine. On met ces sous en commun pour acheter quelques patates, ou du pain. Ou alors on partage ces bons plans pour trouver du thé et une tartine à Londres.

Si vous lisez ce livre, vous vous sentirez certainement bien content(es) de savoir où vous aller dormir ce soir, et de ne pas à avoir à travailler 17 heures par jour à faire la plonge dans un café parisien de 1920. Bien sûr, George a écrit ça après coup, quand il était sorti de la misère, et on sait d’avance que pour lui tout ça est temporaire. Mais comme lui on sort de ce voyage dans la misère parisienne et londonienne forcément un peu changé. Et pourtant j’y suis resté scotché, moi qui m’attendais à un livre sérieux et un peu rébarbatif, j’ai lu ça comme une aventure.

En tout cas, ça m’a rendu George Orwell assez sympathique, et je compte bien combler mes lacunes en lisant la ferme des animaux dans les mois à venir.